L’université compte majoritairement des enfants des classes aisées, et parmi tous les étudiants, ce sont ceux-là qui réussissent le mieux. C’est un constat que tout le monde partage. On parle d’une université non-démocratique non pas parce que les décisions ne sont pas librement débattues et colectivement acceptées (c’est un autre débat), mais parce que la structure sociale de l’université ne reflète pas la structure sociale de la société dans laquelle elle s’inscrit.
Ainsi, depuis trop longtemps, le constat est fait que l’université concentre en son sein les enfants des classes aisées. D’une part, cela traduit une sélection sociale à l’entrée qu’il nous faut combattre si le but est de fournir à tous un accès égal au savoir. D’autre part, comme l’université est majoritairement financée par les deniers publics, et que les classes aisées sont celles qui en profitent le plus, cela traduit une redistribution à l’envers qu’il nous faut corriger si l’objectif poursuivi est un objectif de justice sociale. Ces questions mobilisent le mouvement étudiant depuis plusieurs années.
Les notes qui suivent ont pour but de détailler un peu ces enjeux. Elles sont suivis par une liste de propositions.
Une question de justice sociale « Un enseignement est dit démocratique si tous les individus indépendamment de leur origine sociale ont la même possibilité d’accéder et de réussir à l’enseignement supérieur ». Voici en quelques lignes la définition classique de la démocratisation dans l’enseignement supérieur. On distingue donc ici deux types de démocratisation : d’une part, la démocratisation de l’accès et d’autre part, la démocratisation de la réussite. Depuis les années 60, une démocratisation au sens de « massification » a effectivement eu lieu. D’environ 30.000 étudiants universitaires en 1968, nous en avons plus de 60.000 aujourd’hui. Mais on ne peut pas parler de réelle démocratisation au sens où tout individu, quelles que soient ses origines sociales, familiales, économiques, puisse accéder de façon égalitaire à l’université. En effet, la population de notre université est loin de refléter la diversité sociale de la société belge. Depuis avril 2002, l’UCL est bien au courant de ce phénomène. Un rapport sur la démocratisation de l’enseignement supérieur a été déposé et fait le point de façon très détaillée. Il met en lumière la présence d’inégalités réelles et avérées. Ce rapport va être actualiser prochainement sur proposition de l’AGL. Quelques chiffres significatifs et les conclusions du rapport démontrent que nous sommes loin d’être une université « démocratisée ». Ainsi, 60% des étudiants universitaires ont un père détenteur d’un diplôme universitaire contre 30% sur toute la population en Communauté Française. Les étudiants détenteurs d’une bourse d’étude ont 35% de chances de réussite, contre 45% pour les autres. Le taux d’abandon est d’autant plus important que la profession du père des étudiants est localisée dans le bas de la stratification sociale. Les écarts sont encore plus importants à l’accès qu’à la réussite. Le rapport MOC a également émis l’hypothèse que notre université soit devenue plus sélective encore qu’auparavant. Or cette sélection à l’entrée de l’université s’accompagne d’un financement public massif (bien qu’insuffisant) de l’enseignement supérieur. Tout comme le système des pensions ou des allocations familiales, l’université participe donc de la sorte à une « redistribution à l’envers » profitant avant tout aux ménages les plus favorisés. En septembre 2002, Marcel Crochet, recteur de l’époque, intitulait son discours de rentrée « L’inégalité des chances à l’entrée à l’université ». Il souhaitait que l’on aborde la question de l' »harmonisation sociale » de l’accès aux études et de la réussite de celles-ci, au moment même où l’ « harmonisat Huit ans après, on ne peut que déplorer le fait que très peu de propositions émanant du rapport MOC aient été déployées et suivies. A l’intérieur des structures facultaires, beaucoup d’énergies ont été utilisées à la mise en place de Bologne et relativement peu de suite ont été données aux propositions pourtant nombreuses du rapport MOC-UCL. De même, dans le plan de développement actuellement en chantier dans notre université, la question de la démocratisation est très peu présente, voire quasi-absente. Toutefois, au niveau du conseil des affaires sociales et étudiantes (CASE) il y a actuellement une nouvelle volonté de traiter ces problèmes. Dans sa séance d’octobre 2010, le CASE a émis un avis favorable à l’actualisation du rapport UCL-MOC et à la création d’un observatoire de la condition étudiante. |
La démocratisation de l’accès Force est de constater que ce processus de sélection sociale prend sa source loin avant l’entrée à l’université. Sur l’ensemble des jeunes finissant leurs études secondaires en Communauté française, seuls 20% entrent à l’université. Parmi eux, tous ne réussiront pas, certains abandonnant après leur échec. Plusieurs facteurs interviennent en fait dans la démocratisation de l’accès à l’université.
Démocratisation de la réussite
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